Qu’est-ce qui pousse tant de gouvernements à favoriser l’adoption de logiciels open source au sein de leurs administrations ? A y regarder de près, on s’aperçoit que les bénéfices de l’open source sont particulièrement bien alignés avec les objectifs que poursuit tout gouvernement. Voici quelques uns des avantages les plus évidents.
A une époque où la transition s’impose à eux et à grands pas, de nombreux gouvernements sont préoccupés par la maîtrise de leurs dépenses informatiques.
Les logiciels open source, bien que restant des produits commerciaux et par conséquent non gratuits, ont un coût global généralement inférieur aux logiciels propriétaires. Y avoir recours aide donc les organismes publics à mieux contenir leurs dépenses.
En effet, lors de l’acquisition et de l’élaboration de customisations, la mise en concurrence est totalement ouverte là où des fournisseurs de solutions propriétaires se limitent souvent à quelques partenaires certifiés.
En ce qui concerne la formation, l’open source a un avantage car il est largement diffusable auprès des utilisateurs. Mais l’avantage est surtout sur la montée en compétence des techniciens puisque les développeurs peuvent apprendre relativement rapidement le fonctionnement intime du logiciel en inspectant son code. Ainsi, la maintenance du logiciel est grandement facilitée car, même lorsque le logiciel n’est plus officiellement supporté, il est toujours possible de diagnostiquer, débugger et corriger le code ouvert.
Enfin les administrations peuvent maîtriser le coût de migration d’un système existant vers un logiciel open source. Cela est rendu possible par la possibilité pour les développeurs d’adapter la base de code comme nécessaire et temporairement afin d’accommoder le processus de transition en limitant les interruptions de service.
Pour un éditeur de logiciel open source, ce haut niveau de compétition exige une excellence permanente s’ils souhaitent remporter les marchés. Un éditeur de logiciel propriétaire, par contre pourra verrouiller sa présence en s’assurant d’être le seul capable de répondre aux exigences de l’appel d’offre.
Cette concurrence a un impact positif sur le coût puisque les soumissionnaires concourent pour le marché avec leur expérience, leur expertise et par le prix. Cette dernière caractéristique aide les gouvernements à faire le meilleur usage de l’argent des contribuables.
Ce procédé est également vecteur d’amélioration de la qualité des ressources informatiques pour les gouvernements car, pour gagner les marchés, les concurrents doivent être les meilleurs et développer des propositions innovantes qui soient en accord avec les besoins des organismes publics qui passent les marchés.
Les investissements dans le secteur public et notamment sur les ressources informatiques s’inscrivent dans la durée et sont planifiés sur plusieurs années. Or, les logiciels open source se prêtent bien à cette pratique car ils permettent de réduire la dépendance des organismes envers un seul éditeur.
Quoi qu’il arrive, même si le fournisseur de la solution interrompt son offre, l’organisme conserve son droit d’utiliser et de modifier le logiciel open source et peut donc dans ce cas se tourner vers un nouveau prestataire pour reprendre la maintenance et l’évolution de son système informatique.
Les collectivités se voient confier des missions de service public qu’elles doivent mettre en oeuvre dans le respect des réglementations. Cette responsabilité s’étend à leurs systèmes informatiques, et le défi de maintenir leur conformité peut s’avérer complexe et onéreux.
Avec l’open source, cependant, les collectivités peuvent mutualiser, c’est à dire coordonner et partager leurs développements et la mise en oeuvre de leurs solutions informatiques de sorte à satisfaire l’ensemble de leurs besoins. Regrouper leurs moyens de cette manière permet aussi de maximiser l’efficacité de leurs projets. Cet avantage est ce qui pousse de nombreuses collectivités locales et administrations à être actives dans les communautés open source.
De plus, les sociétés qui commercialisent des services de support et maintenance de logiciels libres n’imposent généralement pas de limites sur le nombre d’utilisateurs. Les acteurs publics peuvent donc effectuer des mises en oeuvre conjointes sans trop de contraintes sur les volumétries.
Le fait que le logiciel propriétaire masque son code source ne le rend pas pour autant plus sûr. De toute façon, même lorsque le code source n’est pas public, un attaquant malveillant, peut généralement reconstituer le code source en utilisant des techniques de désassemblage et de décompilation afin de découvrir des failles. Lorsque des vulnérabilités présentes dans un code propriétaire sont exploitées par des attaquants, les détecter, les identifier et s’en protéger peut alors s’avérer extrêmement difficile, voir impossible, sans l’accès au code source.
Au travers de l’open source, les gouvernements gardent la main sur leur patrimoine informatique en relative indépendance vis à vis des éditeurs du secteur privé. Ils conservent ainsi une certaine souveraineté sur leurs systèmes informatiques.
Lorsqu’elles doivent servir des millions de citoyens, les administrations doivent pouvoir compter sur la robustesse et la fiabilité de leurs systèmes informatiques. Avec un logiciel open source, elles peuvent facilement surveiller la fiabilité des fonctions de leur systèmes informatiques, corriger le code quand c’est nécessaire et même l’améliorer.
De nos jours, il est de plus en plus facile de soumettre une contribution à un projet open source. Notamment grâce à des plateformes logicielles telles que GitHub qui mettent en oeuvre un véritable espace collaboratif autour des entrepôts de code avec une ergonomie toujours plus avancée. Cette ouverture facilite l’accumulation des compétences qui ne risquent pas de se raréfier. Le travail de chacun est visible de tous et crée une concurrence vertueuse dans laquelle des hordes de développeurs passionnés rivalisent de créativité et de rigueur pour atteindre l’excellence et la reconnaissance de leurs pairs.
Dans le modèle de l’open source, tous les utilisateurs bénéficient de ces améliorations continues, y compris les administrations.
De manière croissante, les citoyens exigent une transparence de l’action de leurs dirigeants, mais aussi des administrations qui dépensent l’argent de leurs taxes.
Ainsi, on voit fleurir pléthore de nouveaux concepts “Open”. Open Data, Open Education, Open Law, Open Government, etc.. qui sont en train de redéfinir les standards de fonctionnement de l’action publique.
Ces initiatives sont rendues possibles par les avancées technologiques et sont largement inspirées des valeurs et pratiques des communautés open source, qui promeuvent le partage et la contribution au bien commun.
La transparence est une exigence citoyenne de plus en plus forte dans les démocraties modernes. L’action publique doit désormais rendre des comptes mais surtout les gouvernements doivent s’assurer que les gens ont un accès numérique leur permettant de suivre les actions des organismes publics qui les servent.
Tout comme les entreprises du secteur privé, les systèmes d’information du secteur public souffrent d’une hétérogénéité qui parfois handicape grandement le fonctionnement de l’action publique. Les logiciels libres, ayant souvent une grande affinité avec des standards ouverts, ils sont plus facile à combiner entre eux ou à adapter aux systèmes déjà en place.
Pour un organisme du secteur public, s’appuyer sur des standards ouverts signifie permettre un transfert des données de la manière la plus fluide possible afin de les rendre plus exploitable et pouvoir offrir des services plus innovants aux citoyens.
Les organismes publics ne doivent pas oublier que leur action doit être guidée par la valeur apportée aux citoyens. Souvent moqués pour leurs lenteurs et leur complexités administratives, les services publics peuvent renverser cette perception négative en abordant leur transition numérique efficacement et à coûts maîtrisés, en se focalisant sur la rapidité et la qualité de leurs fonctions. Par exemple en offrant, au travers de leurs systèmes informatiques, des services innovants à leurs administrés.
Là encore, l’open source peut s’avérer un précieux atout. En effet, il est relativement aisé de combiner plusieurs composants open source pour mettre sur pied un nouveau logiciel. De plus l’ouverture du code, permet à celui qui a une bonne idée de facilement la prototyper afin d’expérimenter rapidement.